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Une année qui commence avec de la merde...

par Alain Bourguignon

... de cheval, comme tous les ans !!

Une année qui commence avec de la merde...

Eh oui, la saison commence comme de coutume (on peut commencer à parler de coutume désormais) par la constitution des fameuses couches chaudes dans la pépinière, afin de lancer les premiers semis au chaud !

Comme tous les ans, cette étape est précédée d'un petit stress : est-ce que je vais pouvoir m'approvisionner en fumier ? N'ayant pas de nappes chauffantes électriques, c'est mon unique moyen de lancer la pépinière. Pas de fumier = printemps compromis ! Heureusement, tout est de nouveau en route.

Une année qui commence avec de la merde...

Une chose est certaine, avec un tracteur en état de marche, ça change la donne ! Pour illustrer le propos en chiffres... Ma pépinière est composée de 2 rangées de six "modules" (six bacs communiquant) d'environ 2m3 chacun, et avant il me fallait 3 aller-retours avec la voiture et la remorque pour en remplir un (en ruinant la voiture et en finissant la côte à la brouette) ; avec le tracteur et le gros plateau, un seul trajet suffit ! Et si je me la joue bien et que je me pointe au moment où le centre équestre cure les boxes, je peux même me faire charger directement par le bobcat : c'te confort ! Bon, faut que le pépère de Farmall soit réactif le jour J, on connait bien son tempérament... Mais passons au résultat... sur l'ensemble de la pépinière, je devrais économiser : 24 allers-retours au centre équestre, un embrayage, un parallélisme, un lumbago et une séance d'osthéo.

Une année qui commence avec de la merde...

Permaculture or not permaculture ?

Revenons-en au fabuleux concept de couches chaudes... Parfois on me demande si je pratique la permaculture, et c'est toujours une vaste question qu'elle est pas vite répondue, qui dépend du point de vue. Or, concernant les hotbeds (ça sonne mieux en anglais), je pense que ça coche une paire de cases dans le cahier des charges de la permaculture...

D'une part, le fumier issu des élevages est plutôt considéré comme un déchet qu'une ressource - bien que ne pouvant pas être jeté, il finit par retourner aux champs. En le récupérant pour les jardins, je le fais entrer dans mon système à l'état de ressource (précieuse), bouclant plus vertueusement la boucle.

D'autre part, avant d'être épandus, les effluents d'élevage sont d'abord longuement stockés en gros tas - soit en bout de champ, soit sur une plateforme - afin d'être compostés. C'est ainsi qu'ils deviennent fumier, car les bactéries thermophiles dégradant la matière s'agitent et s'échauffent : le tas fume. Or, cela représente une certaine déperdition de chaleur et de carbone, qui eux sont des déchets.

En tant que maraîcher, pour limiter la perte, j'ai le choix entre deux options. Soit épandre le fumier brut sur mes planches de culture : la digestion par les micro-organismes se fera à froid, et l'incorporation au sol dégagera un quota de carbone moindre. Ou alors, confiner ces tas de fumier dans une serre, afin de capter et valoriser la chaleur émise par la fermentation : c'est le principe de la couche chaude ! Le bémol, c'est que du carbone est quand même relâché (mais pas plus que si on avait laissé le tas en bout de champ) pour composter la matière, et l'incorporation au sol du compost dégagera à son tour une part de CO2.

La couche chaude amène toutefois d'autres bénéfices : la constitution au printemps d'une bonne dose de compost (l'or brun !) de qualité, qui sous bien des aspects est pour le maraîcher plus simple d'utilisation que la matière brute. Brute ou compostée, c'est toujours de la matière organique stockée dans les sols (qui accroît fertilité, structure, rétention d'eau, activité biologique, et stocke du CO2 atmosphérique). Accessoirement aussi, cela abrite de nombreuses larves de cétoine doré, ainsi que parfois, comme j'ai eu le cas l'année dernière, des œufs de couleuvre à collier ! De bons auxiliaires au jardin.

Permaculture, plutôt oui donc : les couches chaudes favorisent les ressources renouvelables, favorisent la biodiversité, produisent des déchets moindres, stockent de l'énergie, lancent une production...

Bref, les couches chaudes, on pourrait dire que c'est l'alpha et l'oméga du maraîchage ! Bien sûr, d'autres options sont possibles. Par exemple, utiliser le broyat de déchets verts, qui est comme son nom l'indique bien couvent lui aussi un déchet de notre société : il chauffe tout autant sinon plus longtemps que le fumier animal - c'est donc, littéralement parlant, tout autant du fumier ! On obtient le même bénéfice de chauffage naturel. Si l'on souhaite que la matière ne soit pas "un intrant" venu de l'extérieur de la ferme : on peut éventuellement la produire sur place. Ca se corse un peu, mais c'est théoriquement jouable ! Le plus simple serait peut-être d'avoir une conséquente sauleraie, ou une paulowniaraie (des arbres très producteurs de biomasse), conduite en têtards. Ou à défaut, une bonne haie. La coupe régulière produirait de nombreux branchages, qui pourraient donne suffisamment de broyat pour en faire une couche chaude digne de ce nom. 

Une année qui commence avec de la merde...
Une année qui commence avec de la merde...
Une année qui commence avec de la merde...

Enfin, assez disserté sur le fumier ! L'important dans l'histoire, c'est qu'il m'a permis de réaliser les tout premiers semis. A savoir : des navets, betteraves et choux-raves qui iront sous serre pour en tirer des bottes en avril-mai, des épinards, laitues, choux et blettes pour le printemps également, et des poireaux précoces, qui seront plantés relativement tôt en vue de les récolter en début d'automne.

Maintenant, il n'y a plus qu'à gérer, et se souvenir de toutes les erreurs déjà réalisées afin de ne pas les réitérer !! 😉

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